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La thérapie communautaire intégrative et systémique

Méthodologie d’animation de groupes « d’écoute de parole et de lien »

La thérapie est dite « Communautaire », car elle provient de « commun et unité ». Ce terme regroupe un ensemble de personnes qui ont quelque chose en commun.

 

A VSA2 le grand point commun est l’addiction, mais c’est également le sentiment d’exclusion, la honte, le mensonge et l’éloignement des proches qui rassemble ces personnes. Ces dernières sont en souffrance à la recherche de solution et avec la réelle volonté de résoudre leurs difficultés.

 

Le groupe est considéré comme l’intelligence collective, c’est une ressource majeure pour l’individu.
Cette thérapie « Intégrative » considère la culture comme une ressource qui doit être reconnue et mobilisée en complémentarité avec les autres connaissances.

logo comité ethique TCI

Elle lutte contre l’isolement, l’exclusion et favorise la diversité des compétences et expériences de chacun.

Le terme « Systémique » signifie que les difficultés individuelles sont mises en relation avec le contexte. Les individus ne sont pas vus comme isolés mais comme membres d’un réseau relationnel, capable d’auto-régulation, de progression, de croissance. La personne est comprise dans un tout dans lequel chaque partie s’influencent et interfèrent entre elles.

 

Adalberto Barreto compare cet outil thérapeutique à « un instrument du réchauffement et de renforcement des relations humaines », de la construction d’un réseau d’appui social dans un monde toujours plus froid, individualiste, privatisé et conflictuel. » (P34). L’objectif au milieu de tant de difficultés, est que les personnes découvrent leurs potentialités thérapeutiques transformatrices et leurs capacités à changer les choses.

 

 

1. Pourquoi appliquer la TCI à VSA2 ?

C’est un espace d’échange communautaires, de parole et d’écoute interpersonnelles valorisant les expériences et histoires de vie des personnes. Cela se fait de façon horizontale c’est-à-dire que tout le monde est égal, il n’y a pas de hiérarchie. A VSA2, les animateurs de groupe posent leur casquette de thérapeutes communautaire lorsqu’ils rentrent dans la salle de réunion. Il redeviennent ces femmes ou ces hommes qui ont souffert à cause de leur addiction, comme toutes les personnes autour de lui. L’échange a lieu également de manière circulaire, les chaises sont en cercle afin que tout le monde se voit et s’écoute. Le but est de restaurer l’identité, l’estime de soi et la confiance en soi des personnes blessées et fragilisées par leur souffrance. Cette démarche est rendue possible grâce au renforcement des liens sociaux, au respect de la Cette démarche est rendue possible grace au renforcement de liens sociaux, au respect de la culture et du niveau socioéconomique de chacun.

Cela permet de créer un sentiment de protection et d’insertion sociale qui impact positivement la santé mentale des individus. Cette forme de travail n’est pas un processus thérapeutique mais bien un acte thérapeutique de groupe basé sur les réseaux de solidarité et l’intégration social plutôt que sur la pathologie elle-même.

 

 

Adalberto Barreto a écrit « Quand je parle de moi, je suis en train d’enseigner et quand j’écoute l’autre, je suis en train d’apprendre. Nous sommes tous co-thérapeutes, thérapeute et en même temps tous en thérapie personnelle. »

Même si elle l’ignore, toute personne s’est forgée des ressources et des savoirs au cours de son existence. Ces compétences lui viennent des épreuves qu’elle a traversé. La souffrance vécue est une source d’aide et permet de consolider les réseaux de soutien avec les personnes vivant des situations conflictuelles, de souffrance physique et psychique. Ces compétences peuvent être utiles aux autres à condition qu’il existe un dispositif qui rende possible le partage, telles que des réunions basées sur la thérapie communautaire.

 

A VSA2, les réunions sont vues comme une boite à outils que chacun ouvre et met à disposition lorsqu’il parle de son vécu.
Libre aux autres de piocher l’outils qui les intéresse ou non dans les boites de chacun.

Il est nécessaire de comprendre que les personnes atteintes d’addiction se retrouvent in fine souvent seules. Nous pouvons entendre à maintes reprises des infirmiers et des patients dire que «l’addiction est une maladie de l’isolement». Notre société ne reconnaissant que très peu cette maladie, et la niant même, émet une réelle pression en stigmatisant les individus avec des étiquettes telles que «alcoolique», «toxicomane».

 
La honte crée des comportements secondaires qui sont la dissimulation et le mensonge : « L’autre diablotin de la maladie c’est le mensonge».
Par conséquent, cela engendre la perte de confiance des proches et leur éloignement. Certaines personnes peuvent parfois perdre leur emploi, et voir leur cercle d’amis disparaitre ou se restreindre aux personnes avec qui elles consomment.
 
La TCI est un outil d’ouverture, d’échange et de partage qui permet bien souvent de sortir de cet isolement et de parler. Lors de réunions, nous pouvons observer des personnes silencieuses pendant leurs premières réunions, puis parler sans s’arrêter à la suivante.
 
Cet exutoire langagier, libérateur pour les émotions n’est généralement possible que dans les associations d’entraide où les adhérents sont une communauté et les relations strictement horizontales. Avec un patron, un psychiatre, un addictologue, un parent ou un ami, la relation est verticale, la personne en face de vous n’a pas connu votre souffrance ni traversé votre vécu.

Témoignage au cours d’une réunion au CHAI Pavillon Groddeck un patient a confié : « J’accepte de me livrer aux gens qui ressentent la même douleur que moi au ventre, la même souffrance qui provient des tripes et qui indique que tu es en enfer ».

 

 

La formation pour être animateur de la TCI est ouverte à tous les adhérents de l’association
 Selon leur consommation actuelle, leurs capacités cognitives et physique, nous invitons nos adhérents à se former pendant quatre jours à la TCI.

L’obtention du diplôme d’animateur TCI est une étape majeure. Les adhérents, à leur entrée dans l’association passifs, incertains, peu confiants, se retrouvent en position d’animer un groupe  hebdomadaire d’une douzaine de personnes en moyenne suivant l’antenne. Cela peut sembler compliquer au début mais le bénéfice de cette action est majeur. La personne devient active, responsable de la dynamique du groupe et s’engage avec sérieux dans son rôle.

 

Témoignage de Fannie – Etudiante en 3e année de Psychlogie :« Les animateurs avec qui j’ai pu échanger à ce sujet m’ont confié que cela les aidait à gérer leur consommation et/ou à pérenniser leur abstinence ».

 

 

2. Le rôle d’animateur et les étapes de la TCI

 

A) Temps d’accueil

Les réunions débutent avec un souhait de bienvenu aux nouveaux adhérents, un tour des prénoms et une présentation succincte de chacun. Puis, c’est au tour des « petits bonheurs de la semaine ». Comme son nom l’indique, les participants exposent chacun leur tour de façon circulaire, une petite joie qui s’est produite ces derniers jours. La réunion commence alors dans une atmosphère égayée et cela donne un rythme de départ dynamique.

 

Les règles de la TCI sont ensuite rappelées par le ou les animateurs :

  • Il n’y a pas la place pour des jugements, des interprétations ni des conseils dans le cercle.
  • Il faut lever la main quand on veut parler et il faut s’exprimer en « je », car nous exposons notre propre expérience et ressenti. « Ce qui vaut pour moi ne vaut pas forcément pour mon voisin. »
  • Il y a le droit au silence pendant toute la réunion ainsi qu’à des jokers, si l’on ne souhaite pas répondre à une/des questions.
  • Le temps de parole est le même pour tous et lorsque quelqu’un parle, les autres se taisent.
TCI - thérapie communautaire intégrative
La Thérapie Communautaire Intégrative - TCI

B) Le choix du thème

Dans un second temps, l’animateur va rechercher une situation-problème. Il est donc demandé aux participants de faire part au groupe d’un souci en particulier qui les tracasse, aussi appelé « le petit caillou dans la chaussure ». Généralement, plusieurs sujets sont présentés, puis l’animateur va devoir les reformuler en problématiques synthétiques.

Voici quelques thèmes exemples :

« Comment récupérer la confiance de son entourage après tant d’années de mensonge ? »

« Comment se sentir chez soi lorsque je rentre de quatre semaines de cure ? »

« Comment réintégrer la société, avoir un travail, être dans la vie active sans avoir honte de savoir que je  m’estime profondément différent des autres? »

« Comment traverser un deuil seul sans consommer ? ».

Ensuite, l’animateur va procéder à un vote à main levée pour choisir une seule problématique, celle qui parle le plus aux personnes présentes ce soir-là. Il cite donc tous les sujets et choisi celui qui a reçu le plus de votes.

Si un seul sujet est exposé, il sera automatiquement choisi.

C) Contextualisation

La personne à qui appartient la problématique choisie va devoir, si elle le souhaite, la développer davantage en témoignant de son expérience vécue. Lorsqu’elle témoigne, elle parle en « je » et personne ne l’interrompt. C’est la phase de contextualisation.

 

D) Problématisation

Il est demandé à la personne d’écouter à son tour les autres et de rester en silence. La problématique ou question-clé est rappelée par l’animateur et chacun va témoigner de sa propre expérience en lien avec cette question.

La solution est « dans le collectif et ses interactions, dans le partage, dans les identifications à l’autre, dans le respect des différences ».

Rappelons que se sentir membre d’un groupe a des effets régulateurs sur le comportement.

 

E) Clôture

C’est un moment où l’on partage son ressenti sur le vécu de la séance et ce que chacun emporte avec soi.

F) L’appréciation de la séance

Le groupe évalue l’animation de la séance et son impact en profitant des enseignements apportés par tous.

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« En écoutant les histoires des autres, je réalise que je ne suis pas seul dans mon combat contre l'addiction. »

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